PROCEZ VERBAL DE N. POULAIN.                44$
Ce même jour, comme je reveuois du Louvre, je trouvai La Chapelle qui me voulut mener faire la révé­rence au duc de Guy se : de quoi je m'excusai fort bien, craignant un coup de poignard. Et le lendemain voyant que je ne pouvois satisfaire à la demande du Clerc, et par ce moyen je demeurois tout-à-fait découvert, je fus trouver M. d'O, auquel je fis sçavoir tout ce que je sçavois; qui me fit réponse qu'il y donneroit bon ordre. Après laquelle réponse je sortis de la ville et gagnai les champs, attendant les nouvelles qui demeureroit le plus fort.
Les barricades achevées, qui réussirent à la fin que chacun sçait, ceux de la Ligue voyans que je n'avois satisfait à ma promesse, ils se doutèrent que je les avois découverts, et furent à mon logis saisir mes pa­piers, et y pillèrent ce que bon leur sembla; mais ils ne trouverent rien des mémoires qu'ils cherchoient. En vengeance de quoi ils mirent ma femme prisonniere; de sorte que depuis mon départ de la ville de Paris j'ai toujours suivi Sa Majesté, selon son commande­ment
Mais je loue Dieu et lui rends graces de ce qu'il m'a toujours assisté en une si bonne œuvre, préservé des mains de tous ces meurtriers et voleurs, et m'a fait la grace d'avoir donné des avis si à propos à Sa Majesté, qu'ils ont sauvé la vie à beaucoup de gens de bien de ses serviteurs et sujets : m'estimant plus heureux d'être pauvre pour le service de mon Roy et du public, que le premier et le plus riche de la terre, en donnant con­sentement à une si malheureuse entreprise ; et ne des­esperé point que quelque jour mes services ne soient reconnus par le Roy et les gens de bien.
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